N° 227 : Τι. Κλαύδιος Σωκράτης Σακερδωτιανός (Ti. Claudius Socrates Sacerdotianus)

Datation : Premier tiers du IIe siècle après J.-C.
Cité : Thyatire

Présentation : 
Ti. Claudius Socrates Sacerdotianus est désigné tantôt comme grand-prêtre, tantôt comme grand-prêtre des Augustes. Il s'agit de la même fonction dans les deux cas : contrairement à son père et à son fils, ce personnage a été grand-prêtre uniquement au niveau civique, et non dans la province d'Asie. De façon plus étonnante, sa grande-prêtrise n'est dite viagère que dans une des trois inscriptions le concernant. Dans la première, sans doute la plus ancienne, Ti. Claudius Socrates Sacerdotianus apparaît simplement comme prêtre de Dionysos Kathegemon – sans doute à titre héréditaire – et grand-prêtre. Dans la deuxième, beaucoup plus développée, il est grand-prêtre à vie et nous apprenons également qu'il a été stéphanéphore, prytane, agonothète et que, depuis son enfance, il a été généreux et utile à sa patrie. Il faut sans doute comprendre qu'au début de sa carrière Ti. Claudius Socrates Sacerdotianus a exercé une grande-prêtrise annuelle et qu'il a été désigné plus tard comme grand-prêtre à vie. Enfin, dans la troisième inscription, posthume, Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus a exercé une deuxième prytanie et n'apparaît plus comme grand-prêtre à vie, mais simplement comme grand-prêtre – la précision étant devenue inutile avec sa mort, d'autant plus que son fils Ti. Claudius Menogenès Sacerdotianus est à son tour devenu grand-prêtre du culte impérial. Ce dernier a peut-être d'ailleurs succédé à son père dans la grande-prêtrise comme dans la prêtrise de Dionysos Kathegemon, le sacerdoce du culte impérial ayant tendance à devenir héréditaire sous l'influence des cultes locaux.
Fils et père de grands-prêtres provinciaux, Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus ne l'a pas été lui-même, mais le vocabulaire des louanges insiste très nettement sur le caractère familial de ses générosités, indépendamment des magistratures qu'il a exercées.
La femme de Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus, Iulia Menogenis, a elle aussi mené une carrière brillante. Elle a construit une partie du gymnase de la cité et été agonothète, prytane et stéphanéphore. À ce titre, elle est devenue fille de la cité. Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus s'est donc allié avec une grande famille de Thyatire qui a reçu la citoyenneté romaine très tôt. Sa mère Antonia Caecilia pourrait en outre être d'origine italienne. L'importance des femmes dans la transmission du prestige social se lit très clairement dans le nom du fils du grand-prêtre, Ti. Claudius Menogenès Caecilianus, qui a hérité des cognomina de sa mère et de sa grand-mèrea.
Le père de Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus, Ti. Claudius Socratès, a été grand-prêtre d'Asie avant 114b et son fils ambassadeur à Athènes dans les années 130, après la fondation du Panhellénion. L'activité de notre grand-prêtre doit donc avoir eu lieu à la fin du règne de Trajan et dans la première partie de celui d'Hadrien.
Fils de Ti. Claudius Socratès Sacerdotianus, Ti. Claudius Menogenès Caecilianus n'a été grand-prêtre qu'un an mais, contrairement à son père, il a également exercé la grande-prêtrise provinciale des empereurs, la même année que son sacerdoce civique. Outre ses charges civiques de prêtre de Dionysos Kathegemon et d'agonothète, il a participé à une ambassade à Athènes lors de laquelle un décret remerciant l'empereur pour ses générosités à l'égard de la cité a été remis au Panhellenion et gravé sur une stèle érigée sur l'Acropole (4). Bien qu'il ne soit pas attesté comme grand-prêtre d'Asie, il a été actif autant dans le koinon que dans sa cité. Pour cette raison, il fait partie des « premiers » de la provincec. Les « constructions de bâtiments » pour lesquelles il est remercié par la cité sont peut-être une allusion à l'Hadrianeion, sanctuaire voué à l'empereur à Thyatire. Il a en outre été agonothète des Hadriana Olympia de Thyatired. Son activité dans le culte impérial a donc pris de multiples formes, dont l'exercice de la grande-prêtrise n'est qu'un aspect.
Sources : 
1/ TAM V 2, 979 (IGR 4, 1240)
[ἀγαθῆι τύ]χ̣ηι. | [Ἡ βουλὴ κα]ὶ ὁ δῆμος | [Τιβέριον ] Κ̣λαύδιον Σω̣|[κράτην Σ]ακερδωτια|[νόν, τὸ]ν̣ ἱερέα τοῦ Κα|[θηγεμ]ό̣νος Διονύσου | [καὶ ἀρ]χιερέα.
2/ TAM V 2, 980 (IGR 4, 1241)
l. 3-19 : ἀρχιερέως Ἀσία[ς] | υἱὸν Σωκράτην Σακε[ρ]|δωτιανὸν, ἀρχιερέα δ[ι]|ὰ βίου τῶν Σεβαστῶν, | στεφανηφορήσαντα | καὶ πρυτανεύσαντα | καὶ ἀγωνοθετήσαντ[α] | ἔργων τε ἀναθήμασιν̣ | καὶ φιλοτειμίαις παντο|δαπαῖς ἀπὸ παιδὸς κοσ̣|μήσαντα τὴν πατρίδ[α] | καὶ ἐκ προγόνων φιλό|δοξον ἐν παντί τε κ[αι]|ρῷ χρήσιμον τῇ πόλε̣[ι] | καὶ ἐν πᾶσιν λαμπρῶ[ς] | καὶ πολυδαπάνως ἀνα|στραφέντα.
3/ TAM V 2, 976 (IGR 4, 1238)
l. 6-27 : Τιβ. Κλ(αύδιον) Μηνογέ|νην Καικιλιανὸν τὸν ἐκ πατέρων διὰ βίου | ἱερέα τοῦ Καθηγεμόνος Διονύσου καὶ ἀρχιε|ρέα τῆς Ἀσίας καὶ τῆς πατρίδος κατὰ τὸ αὐτὸ | [κ]αὶ ἀγωνοθέτην, υἱὸν Κλ(αυδίου) Σωκράτους Σακερ|[δ]ωτιανοῦ ἀγωνοθέτου καὶ στεφανηφόρου | [κ]αὶ δὶς πρυτάνεως καὶ ἀρχιερέως καὶ ἱερέως | τοῦ Διονύσου καὶ Ἰουλ(ίας) Μηνογενίδος, τῆς ἀνα|θείσης τοὺς ξυστοὺς τῆι πατρίδι ἀγωνοθέτι|δος καὶ στεφανηφόρου καὶ πρυτάνεως, θυγα|τρὸς τῆς πόλεως, φύσει δὲ Μηνογένους ἀγω|νοθέτου καὶ στεφανηφόρου καὶ πρυτάνεως, | ἔκγονον Κλ(αυδίου) Σωκράτους καὶ Ἀντωνίας Καικι|λίας τῶν ἀρχιερέων τῆς Ἀσίας καὶ ἀγωνοθε|τῶν καὶ στεφανηφόρων καὶ πρυτάνεων : ἄνδρα ἤθους ἕνεκα καὶ παιδείας καὶ ἀρετῆς τε | πάσης ἐν τοῖς πρώτοις τῆς Ἀσίας καταριθμού|μενον ἔν τε πρεσβείας καὶ χορηγίαις καὶ | ἔργων κατασκευαῖς καὶ πάσαις φιλοτιμίαις | καὶ πᾶσι καιροῖς τοῖς ἐπείγουσιν ἐπιδεικνύ|μενον τήν τε εἰς ἑαυτὴν καὶ τὴν πατρίδα | εὔνοιαν.
4/ TAM V 2, 1180
l. 40-47 : [Ἐπρέσβευον καὶ τὸ τῶν Θυατειρηνῶν] | ψήφ[ισμα ἀπέδοντο (ὁ δεῖνα, υἱὸς τοῦ δεῖνος)] | μὲν[--- καὶ Τι. Κλ(αυδίος) Μηνογένης Καικιλιανός, υἱὸς Τι. Κλ(αυδίου) Σωκράτους] | Σακε[ρδωτιανοῦ, ἱερέως τοῦ Καθηγεμόνος Διονύσου καὶ ἀρχιερέως τῶν Σεβαστῶν], | καὶ Ἰου̣[λ(ίας) Μηνογενίδος, ἀγωνοθέτιδος καὶ στεφανηφόρου καὶ πρυτάνεως · ἐπεμελήθη δὲ] | τῆς ἀ[ναγραφῆς καὶ τῆς ἐν Ἀκροπόλει ἀναστάσεως τῆς στήλης ὁ διὰ βίου ἀρχιερεὺς τῶν] | Σεβα[στῶν καὶ ἱερεὺς τοῦ Καθηγεμόνος Διονύσου καὶ ἀρχιερεὺς τῆς Ἀσίας καὶ ἀγωνοθέτης] | Τι. Κλ(αύδιος) Μ[ηνογένης Καικιλιανός].

Bibliographie : 
Robert, Hellenica VI (1948) p. 81-84 ; Holtheide 1983 p. 167 n. 427 (stemma) ; Campanile 1994 p. 90-92 ; Van Bremen 1996 p. 97-98 et 127.

Notes : 
a Iulia Menogenis ne semble pas avoir été prêtresse du culte impérial, pas plus que ses parents. Voir Van Bremen 1996 p. 127 : cela peut s'expliquer par des traditions familiales différentes.
b Sur ce personnage, voir L. Robert, Hellenica VI (1948) p. 80-82 n°26 (une lettre d'Hadrien à propos de sa maison à Stratonicée-Hadrianopolis : la cité est autorisée à en prendre possession car elle n'est pas entretenue) ; TAM V 2, 978 (sa grande-prêtrise d'Asie à Pergame)
c Sur la formule « comptant parmi les premiers d'Asie », sans doute équivalente au titre de « premier d'Asie », voir Robert 1939 p. 238 n. 5.
d Sur ce concours, voir également TAM V 2, 1026 et G. Petzl, ZPE 13 (1974) p. 119.

Mis à jour le 16/04/2010